Transmettre son savoir un remède contre la routine

Tribune de Genève
28 septembre 2012

Michel Schnegg redécouvre sans cesse son métier au contact de ses apprentis.

«Travailler comme un fou pour gagner beaucoup d’argent… et puis quoi ? Dans mon rapport à la société, former des jeunes est une manière de rendre ce que j’ai reçu. » Michel Schnegg forme des polygraphes depuis huit ans et puise dans cette transmission du savoir le sens même de son travail. «J’ai eu jusqu’à dix-huit employés. Aujourd’hui, je suis revenu à une plus petite structure pour prendre du temps, ne plus être uniquement absorbé par l’entreprise et surtout former des jeunes. Il est mille fois plus gratifiant de réaliser un projet avec un apprenti.»

Un père typographe qui l’initie à l’imprimerie, puis la rencontre d’adultes passionnés d’industrie pendant son apprentissage lui inculquent le plaisir de transmettre. «Les apprentis travaillent avec des impératifs réels et évoluent en fonction des mandats qui rentrent, même si j’évite parfois d’aller trop vite pour ne pas les stresser. Leur énergie et leur culture visuelle me maintiennent au clair avec les tendances du moment et l’école leur enseigne des nouveautés techniques qui me sont très utiles. Apprendre à expliquer pourquoi on fait les choses m’a aussi permis d’acquérir plus de souplesse vis-à-vis des clients.»

Michel Schnegg implique ses apprentis dans la gestion des projets en les invitant à rencontrer les mandataires, à participer aux séances de travail, à découvrir d’autres corps de métier. Il les emmène même régulièrement au musée. «J’encourage mes apprentis à ouvrir les nombreux bouquins de mon atelier et, chaque année je leur offre un livre. Une réflexion sur l’objet permet d’en apprécier la valeur.»

Iris Mizrahi – OFPC